En 2004, alors même que la salle de spectacle, le Carré du Perche, sort de terre à Mortagne-au-Perche, le chorégraphe Arthur Plasschaert vante l’équipement auprès des plus hautes instances et suggère au Député Maire Jean-Claude Lenoir et au Directeur de la Scène Nationale Jean-Claude Collot l’idée d’y faire naître un festival de danse jazz pour l’attractivité du lieu, de la collectivité et le rayonnement du département de l’Orne en Normandie .
Convaincu du projet, le Ministre de la Culture de l’époque annonce en conférence de presse à Paris la réalisation de la première édition du festival « Danse Jazz et Comédie Musicale » en octobre 2005 à Mortagne-au-Perche. Dès lors, c’est la structure Compagnie Arthur Plasschaert qui portera l’organisation du festival soutenue par la DRAC Normandie, la Scène Nationale 61, la ville de Mortagne-au-Perche et sa Communauté de Communes.
La Compagnie Arthur Plasschaert consacrera toutes ses ressources à promouvoir la création et le répertoire chorégraphiques d’esthétique jazz dans l’Orne au travers du festival, donnant à sa programmation toute sa singularité. Elle recevra le soutien du département de l’Orne et de la région Normandie.
Au tournant de l’édition 2009, le festival danse jazz et comédie musicale est désigné d’un nouveau titre : « Jazz’Orne Danse ». Des personnalités telles que la chanteuse Nicole Croisille, le pianiste jazz René Urtreger, les chorégraphes jazz Matt Mattox, Rick Odum, Raza Hammadi viendront le présider. Outre, Mortagne-au-Perche, première ville d’accueil jusque là, plusieurs collectivités de l’Orne : Alençon, Argentan, Flers, L’Aigle et Bagnoles de l’Orne, mais aussi de la Sarthe : Mamers et Saint-Cosme-en-Vairais, recevront et accompagneront régulièrement le développement du festival par la suite. D’édition en édition, Jazz’Orne Danse s’étend au-delà du département de l’Orne suivant notamment le cours du fleuve Orne ; gagne le Calvados et s’étend en Normandie. Des actions sont programmées à Caen au Conservatoire à Rayonnement Régional et plus récemment à Ouistreham où le festival est accueilli au Dansoir Karine Saporta.
Depuis 2019, le Ballet Plasschaert tient les rênes du festival.
Arthur Plasschaert est né en 1930 dans une famille d’origine hollandaise installée dans le centre de Java à Parée en Indonésie. Le père est ingénieur agronome et travaille à la plantation locale pour le compte d’une société agricole, la mère tient le foyer familial.
Durant sa prime jeunesse, Arthur baigne dans une double culture, tant par l’origine de ses parents qu’auprès des indonésiens qui l’entourent d’affection. A la maison, sur le gramophone du salon, sa mère écoute la musique classique d’Europe. Au jardin, souvent les artistes indonésiens viennent planter le théâtre pour interpréter le Wayang Wong inspiré des danses de cour et du théâtre d’ombres Wayang Kulit.
A l’âge de 8, 9 ans, Arthur se met en scène avec sa petite sœur Wies sous l’œil bienveillant et complice de leur mère. La fratrie joue ses premiers spectacles devant les familles voisines. Arthur s’épanouit et affirme déjà sa veine artistique.
Cette période d’apprentissage sera malheureusement écourtée en 1941 lorsque la seconde guerre mondiale plonge les ressortissants hollandais d’Indonésie dans les affres de la guerre. Arthur sera victime des camps de prisonniers japonais ; détenu à l’âge de 11 ans et demi jusqu’à la fin de la guerre. A la libération, Arthur retrouvera sa famille. Elle sera rapatriée en Hollande à Rotterdam.
Au sortir de la guerre, Arthur Plasschaert a 16 ans. Il reprend le cours des études scolaires. Coûte que coûte, il lui faut rattraper le temps volé. Il fait le vœux de prendre son destin en main. Il veut être danseur. Sans dire mot à ses parents, il se rend à La Haye en stop et prend ses premiers cours de danse classique avec Peter Léoneff sur le Westeinde à La Haye. Le métier d’artiste chorégraphique est mal compris à cette époque. En 1950, au cours des vacances d’été, les parents l’autorisent à se rendre en France pour prendre des cours de danse. A 20 ans, à Paris, il commence son apprentissage de la danse classique.
A cette période, Arthur Plasschaert retrouve son amie et compatriote, la jeune hollandaise Tania Barry. Ils s’étaient connus en passant un concours de danse à La Haye qui leur avait valu de gagner un prix. Tania est déjà une artiste chorégraphique professionnelle. Bientôt égérie du chorégraphe Maurice Béjart, elle va guider Arthur dans le milieu chorégraphique parisien. Ils fréquentent les cours de Serge Peretti et Nora Kiss au Studio Wacker, aux cotés de Roland Petit, Leslie Caron, Maurice Béjart, Zizi Jeanmaire et bien d’autres futures célébrités. Les auditions s’enchaînent dans les studios de danse parisiens. En 1954, chez Madame Nora qui l’a pris sous son aile, la chance lui sourit. Il décroche le premier contrat de sa vie de danseur ; 6 mois dans le corps de ballet de l’Opéra de Liège dirigé par le chorégraphe français Fernand Lallement. Arthur prend le chemin de la Belgique ; il enchaînera plusieurs saisons à l’Opéra de Liège. Il entrecoupe sa vie liégeoise d’escapades à Paris, au cours desquelles il sortira beaucoup, ira au théâtre, au cinéma et fréquentera assidûment les clubs de jazz de Saint Germain qu’il affectionne particulièrement. Il y croisera des auteurs, des metteurs en scènes, des musiciens, des comédiens et des chanteurs. Il rencontrera Boris Vian artiste aux multiples talents, dont la femme Ursula Kubler sera bientôt sa partenaire dans les Ballets HO. Ces rencontres lui ouvriront de nouvelles portes du métier. Définitivement de retour à Paris, il est d’abord engagé dans la troupe de comédiens du TNP Jean Vilar et participera en tant que danseur à deux spectacles produits au Théâtre des Champs Elysées, mis en scène par Jean Négroni et chorégraphiés par Paul Goubé alors en poste à l’Opéra de Paris : « Psyché » de J. B. Lully en 1953 et « Le Prince Travesti » de Marivaux en 1954. Puis il enchaînera ses participations pour les spectacles jazz du Ballet HO chorégraphiés par Georges Reich, notamment lors du spectacle pour Joséphine Baker. Il rencontrera au début des années 60 Gene Robinson danseur de la compagnie de Katherine Dunham venu enseigner la danse jazz en France et notamment à l’Opéra de Paris. Puis, Don Lurio danseur qui enseigne également après avoir été assistant de Luigi autre chorégraphe de renom qui fit grande carrière en Italie. Enfin, il croise le chemin de Valérie Camille danseuse dans les ballets de Jack Cole qui transmet les enseignements de son maître. Au contact de ces trois danseurs chorégraphes américains installés à Paris, Arthur s’imprégnera peu à peu des codes jazz et intégrera le mouvement chorégraphique qui s’installe en France.
À 24 ans, Arthur Plasschaert est un danseur professionnel estimé des chorégraphes. A ce titre, Il est engagé à Monaco par la Société des Bains de Mer comme danseur au Sporting Club de Monte-Carlo sous la direction du chorégraphe John Tarras. Celui-ci lui confie des rôles de premier plan. Arthur prend le temps, entre les séances de répétition au grand studio de l’Opéra dit Diaghilev à l’époque, de donner la classe aux danseurs du ballet. Il s’essaie à la chorégraphie. Son audace artistique s’affirme. A l’été 1957, John Tarras annonce son départ du ballet en fin de saison ; un autre engagement l’attend ailleurs. Il aura eu le temps de découvrir les qualités artistiques du danseur Arthur Plasschaert, mais aussi son goût pour la mise en scène. John suggérera à la Société des Bains de Mer Arthur pour le remplacer. Il sera nommé par la direction à la tête des ballets de Monte-Carlo dès la saison 1958. Il créera des ballets pour tous les événements de la principauté ; notamment à l’occasion des prestigieuses fêtes de saison ; Bal de la Mer, Grand Gala de la Croix Rouge et Bal de la Rose. Arthur Plasschaert sera plébiscité par le public monégasque et très apprécié par la Princesse Grâce et le Prince Rainier III de Monaco. La cité des Ballets Russes l’aura bien inspiré.
Dans les années 60, à Monaco, les saisons artistiques ont beaucoup de succès, l’écho se fait entendre dans toute la France. Aussi, Paris rappellera Arthur Plasschaert par la voix de Bruno Coquatrix, directeur de l’Olympia de Paris. Celui-ci, en villégiature à Monaco, le sollicitera et lui proposera de créer des ballets dans la capitale pour la saison 1961.
Arthur Plasschaert quitte Monaco pour Paris et entame la seconde grande période de sa carrière. A cette époque, il crée, pour la mythique salle de l’Olympia, les pièces chorégraphiques jazz emblématiques qui le révéleront au public français, notamment sur des musiques jazz encore inconnues en France comme celles de Dave Brubeck.
Les Ballets Arthur Plasschaert sont nés et s’affichent en lettre de lumière au fronton de la prestigieuse institution du musical. Citons pour mémoire Les Ballets Arthur Plasschaert créés dans les premières parties des programmes de spectacles à l’affiche de l’Olympia ; spectacles dans lesquels s’illustraient en deuxième partie les vedettes naissantes comme l’ont été Johnny Halliday, Gilbert Bécaud, Jacques Brel, Annie Cordy, Mireille Mathieu, Sylvie Vartan, Michel Polnareff. Par la suite, il sera amené à travailler de nouveau avec eux lors de futures émissions produites par la Société Française de Production.
Les œuvres chorégraphiques jazz d’Arthur Plasschaert populariseront la danse dans bien des théâtres et diverses scènes de concert en France. Elles marqueront toute une génération et lui apporteront sa notoriété.
Ce sont également des metteurs en scène de théâtre qui feront appel aux services chorégraphiques d’Arthur Plasschaert pour des spectacles musicaux. Arthur exercera ses talents au théâtre, pour la première fois dans « Wouah Wouah » à L’Ahlambra avec en vedettes Annie Cordy et Bourvil. Puis vinrent une succession de spectacles auxquels il participera : « Monsieur Pompadour » de Jacques Charon avec Georges Guétary au Mogador, « Les Misérables » d’Alain Decaux et Robert Hossein au Palais des Sports ; « Pas d’Orchidées pour Miss Blandish » de Frédéric Dard et Robert Hossein avec Jean-Marie Proslier à la Porte Saint Martin ; « La Valise en Carton » de Françoise Dorin au Casino de Paris ; « Croisière d’Amours » de Claude Dufresne et Dominique Tirmont à Bobino et « Retro Parade » aux Bouffes Parisiennes. Il exercera lui même en tant que metteur en scène pour le vaudeville «Le Roi de Sodome » de Fernando Arrabal avec Micha Bayard et Alain Chevalier au Café d’Edgar, puis pour les célèbres comédies musicales spectacles pour enfants de Jean Jacques Debout et Roger Dumas avec Chantal Goya en vedette : « Le Mystérieux Voyage de Marie Rose », « Le Soulier qui vole »…
Plus tard, ce sera dans le Perche ornais pour la mise en scène de l’Opéra Henry Purcell « Didon et Enée » au programme d’une saison lyrique d’été soutenue par le département de l’Orne et la région Normandie dans la cour du château de la Pellonnière. Il travaillera également pour le cinéma avec Philippe de Broca pour « Les Milles et Une Nuits », avec Jean Charles Tachella pour « Les Dames Galantes » et « L’Homme de ma Vie ». Ce sera aussi les tournées des variétés françaises en régions, puis les tournées internationales dans les villes d’Europe qui populariseront Les Ballets Arthur Plasschaert. En 1956, l’Union Soviétique ouvre le pays à de grandes tournées du Musical français dans les villes emblématiques de Moscou, Kazan, Leningrad aujourd’hui Saint Pétersbourg… Arthur Plasschaert sera le premier chorégraphe étranger de l’ouest invité en URSS et aura l’honneur de donner une master class jazz aux danseurs solistes exceptionnels du Kirov ; une notoriété accrue qui lui permettra de commencer à transmettre la danse, comme il le fit aussi au Canada pour les danseurs des Ballets Jazz de Montréal.
Dans les années 70, les télévisions d’Europe appellent Arthur Plasschaert. Il se distinguera pour ses ballets réalisés pour de nombreuses émissions et notamment à la télévision française aux programmes de variétés de Maritie et Gilbert Carpentier. Des émissions qui donneront lieu à de nouveaux spectacles à l’Olympia autour de Sacha Distel, Annie Cordy, Sylvie Vartan, Mireille Mathieu ou encore plus récemment avec Patricia Kass.
Des ballets qui laisseront encore une fois un souvenir vif dans la mémoire collective des téléspectateurs et du public.
Au début des années 90, Arthur Plasschaert se retire progressivement dans l’Orne. En précurseur des ballets jazz et fervent représentant de l’esthétique chorégraphique jazz durant toute sa carrière en France, il entame la troisième grande partie de sa mission. Il crée avec Loïc Le Page la « Compagnie Arthur Plasschaert », puis le festival de danse jazz et Comédie Musicale à Mortagne-au-Perche ; un programme artistique faisant la part belle à l’esthétique chorégraphique jazz.
De nombreux artistes chorégraphiques et musiciens se sont produits sur les scènes du festival. Citons notamment des formations parmi les plus significatives : le Ballet Jazz Art, le Budapest Dance Theatre, la Compagnie Difé Kako – Chantal Loïal, Les Ballets Jazz de Montréal, la Compagnie Anne-Marie Porras, l’Armstrong Jazz Ballet – Géraldine Armstrong, la Compagnie Calabash-Wayne Barbaste, la Compagnie Rick Odums, le CCN La Rochelle – Compagnie Accrorap Kader Attou, le Hip Tap Project – Leela Petronio, la Compagnie James Carlès, la Compagnie Georges Momboye, la Compagnie Alexandra N’Possee – Abdennour Belalit…
En 2009, la compagnie Arthur Plasschaert donne un autre nom au festival chorégraphique : « Jazz’Orne Danse ».
Dix ans après, Arthur Plasschaert et Loïc Le Page créent une nouvelle structure : « Ballet Plasschaert ».
En cette année 2019, ils rencontreront la chorégraphe Karine Saporta.
Le festival, dorénavant biennale, accueilli depuis à Bagnoles de l’Orne et Ouistreham, prend une nouvelle dimension.
Le Ballet Plasschaert tient aujourd’hui les rênes du festival, point d’orgue d’une saison chorégraphique en Normandie.
Ballet Plasschaert
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